Interview de Christophe BLONDIAUX, Président et co-fondateur d'IC Green

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Interview de Christophe BLONDIAUX,
Président et co-fondateur d’IC Green

Notre robot Sportee™ est équipé d’une vision par ordinateur couplée à un système d’intelligence artificielle (IA) offre une solution de désherbage mécanique, autonome et respectueuse de l’environnement, sans recours aux produits phytosanitaires, réduisant ainsi l’impact écologique tout en optimisant les coûts d’entretien des terrains de sport…
Nous avons la chance d’être au cœur d’une région industrielle, ce n’est donc pas difficile de trouver des partenaires.

Pouvez-vous nous présenter la genèse d’IC Green ?  

Je suis ingénieur de formation et diplômé d’un MBA en création d’entreprise. Pendant de nombreuses années j’ai dirigé des projets informatiques dans des grands groupes. Mais l’envie d’entreprendre m’a toujours animé. Il y a une dizaine d’année j’ai créé une première entreprise,  AeroScoot, spécialisée en engins hydropropulsés.  Mais le marché est assez restreint. J’ai donc cherché un autre projet de création d’entreprise, répondant à un besoin non satisfait et un large marché. C’est en luttant contre les mauvaises herbes de mon jardin que m’est venue l’idée de trouver un robot de désherbage respectueux de l’environnement, une solution encore inexistante sur le marché. J’ai sondé l’avis de plusieurs spécialistes : les paysagistes afin de bien cerner les enjeux du désherbage, les ingénieurs afin d’évaluer les différentes technologies pouvant apporter une réponse à cette problématique. L’intelligence artificielle s’est imposée comme la réponse technologique la plus adéquate. Grâce à l’évolution de la règlementation environnementale, le désherbage des terrains de sport s’est ensuite imposé comme le marché le plus prometteur. En effet l’extension de la loi Labbé en juillet 2022 a conduit à interdire les produits phytosanitaires sur la plupart des terrains de sport (football, rugby, tennis sur gazon etc.). A compter du 1er janvier 2025, elle concerne également les très grands terrains de sport (type hippodromes, golfs).

Avec DAVID Weber, l’autre co-fondateur, nous avons donc créé IC Green en 2022 et travaillé sur la conception d’un robot de désherbage mécanique, autonome et intelligent pour les terrains de sport engazonnés.


Quelle est la particularité de votre robot ?  

Notre robot Sportee™ est équipé d’une vision par ordinateur couplée à un système d’intelligence artificielle (IA) capable de discriminer précisément les images de graminées (le gazon) des images d’adventices (trèfle, plantain ou pissenlit qui sont les mauvaises herbes les plus courantes des terrains sportifs). Grâce à son système de navigation GPS et à ses outils de désherbage mécanique (griffes rotatives), il parcourt le terrain en autonomie, repère les adventices qu’il exfolie et déchiquète mais laissant le gazon intact. Ce stress mécanique répété affaiblit les adventices, dont la résistance est plus faible que celle des graminées, ce qui conduit progressivement à leur régression, voire leur disparition.

 

Comment avez-vous intégré la brique technologique d’intelligence artificielle à votre produit ? A quel stade de développement se situe IC Green aujourd’hui ?   

J’ai eu la chance d’entrer très rapidement en contact avec l’INRIA (Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique) pour développer la technologie IA et avec la SATT Linksium (Sociétés d’Accélération du Transfert de Technologies) pour l’accompagnement humain, légal et financier. Un expert de l’IA en post-doctorat a écrit les algorithmes d’IA et pour ma part, j’ai constitué un set de 8 000 images de gazons pour entrainer l’IA et tester sa performance tout en continuant à échanger et impliquer les professionnels des espaces verts.

L’intégration d’un système d’intelligence artificielle n’a pas été la partie la plus complexe de ce projet, on a eu finalement plus de défis sur d’autres aspects technologiques, aujourd’hui résolus.  J’ai fabriqué les premiers robots- prototype avec le French POC, une plateforme d’innovation située dans l’Ain. Nous avons eu trois clients bêta-testeurs, l’Olympique Lyonnais, le LOSC Lille et un distributeur en Bretagne, ce qui nous a permis d’identifier et de résoudre les derniers problèmes.

En 2024 nous avons réalisé pas moins de 150 démonstrations débouchant sur une dizaine de commandes fermes et la quasi-totalité de nos prospects sont pleinement convaincus de la pertinence de cette solution robotisée.

A l’occasion de SalonVert, IC GREEN a reçu le prix de l’Innovation dans la catégorie « Entretien des terrains de sport ».


Quels sont les avantages de votre solution par rapport aux méthodes traditionnelles ? Quel est l’impact économique et environnemental de votre solution ?  

Il y a trois grandes méthodes traditionnelles pour supprimer les mauvaises herbes. La première consiste à répandre des produits chimiques. Mais la règlementation ne l’autorise plus comme je vous l’expliquais. La seconde méthode, c’est le désherbage manuel, qui nécessite d’employer une équipe importante de jardiniers et la troisième c’est l’utilisation du « peigne à gazon », une méthode peu sélective et très agressive pour le terrain. Cette méthode oblige à réensemencer, ce qui la rend assez couteuse.

Notre robot SporteeTM n’utilise aucuns intrants  phytosanitaires et offre un coût de revient très compétitif de 70€ par hectare, sans intervention humaine. Le gazon en place n’est pas détérioré, il n’y a donc aucun surcoût de re-garnissage. Il n’est pas nécessaire d’investir dans un tracteur ou un épandeur. Nos solutions brevetées de désherbage mécanique sont respectueuses de l’environnement, elles éliminent tous les risques liés à la toxicité et nocivité des produits chimiques.

 

Quels sont vos objectifs à court et moyen terme ?  

Coseec, entreprise spécialisée dans les sols et équipements sportifs, assurera en 2025 le déploiement de notre robot Sportee. Ce dernier bénéficiera d’une distribution exclusive sur un tiers du territoire français.

J’ai fait le choix d’une startup fabless. Nous avons la chance d’être au cœur d’une région industrielle, ce n’est donc pas difficile de trouver des partenaires. Aujourd’hui les robots sont fabriqués, assemblés par des entreprises industrielles situés entre Valence et Annecy. Lorsque les volumes seront suffisants, je n’exclue pas l’idée d’ouvrir une usine de fabrication sur Crolles ou la région grenobloise.

A moyen terme, nous pourrons adapter le robot à des terrains engazonnés ayant plus de contraintes comme les golfs ou encore les cimetières militaires. Une autre piste de développement pourrait concerner la data. Actuellement, nous avons opté pour un traitement en temps réel des données sans stockage. Cela signifie que nous ne disposons pas d’un historique pour analyser l’évolution de la situation. A terme nous pourrions créer un outil d’analyse post-traitement permettant d’optimiser l’usage du robot. Nous n’avons aucun concurrent connu dans le monde aujourd’hui, nous envisageons donc un développement à l’international mais pas avant 2026.